Bien reposés et avec des pneus neufs (Michelin Anakee Wild) nous pouvons reprendre la route. Aujourd’hui 500km à travers les plaines kazakhes. Aktau est une ville sans grand charme pour ce que j’en ai vu. Des immeubles collectifs décrépis bardés d’antennes paraboliques et de climatiseurs individuels. Les fils électriques connectent les immeubles entre eux depuis les toits; pas besoin de pylônes! L’ensemble n’est pas très gai, un peu l’idée que je me faisais des villes de l’URSS.

La route est bien droite ce matin. Je mène le petit groupe habituel mais un peu plus vite que d’ordinaire. Limitation à 100 km/h et régulateur réglé à la même vitesse. Le roadbook prévoit une piste de 30 km environ pour aller voir le site de Sherkala. Mais le progrès, qu’on n’arrête pas, en a décidé autrement en goudronnant toute cette section. La route est belle et le rythme est bon.

Parking de Sherkala, quelques voitures vont et viennent, qui s’engagent sur une piste un peu boueuse qui fait le tour de cette particularité géologique, ou qui en sortent. Nous nous concertons et décidons d’aller explorer cette piste vers le Sud. La piste n’est pas très compliquée et nous mène sur un promontoire face au dôme de Sherkala. Séance photos avec des sourires béats pour tout le monde. Le dôme est splendide vu de ce côté, on dirait presque un gâteau soufflé, arrondi au milieu et avec quelques couches de crême. En fait ce sont des calcaires, grès et schistes qui donnent au Sherkala cet aspect feuilleté.

Décision est prise de ne pas redescendre de l’autre côté et continuer le tour du massif car la végétation y est plus luxuriante dans le vallon suivant: végétation, donc eau, donc boue !

Retour par un chemin un peu différent que j’explore sans souci. Mais derrière moi un autre participant décide d’aller prendre des photos de chevaux qui paissent un peu plus loin. Il prend une autre piste. Dans l’enthousiasme, il prend un peu de vitesse et sort de la trace. Dans les herbes à chameaux, une bosse cachée et un trou derrière et c’est le piège. Moto et pilote sont à terre. La moto n’a pas grand chose mais le pilote, dont le casque modulable était ouvert, s’est ouvert le menton et est couvert de sang. Heureusement un des 4×4 nous a accompagné et le docteur prend en charge notre blessé: six points de sutures effectués sur place avec une petite anesthésie locale. Le blessé se remet et nous partons vers Shetpe à la recherche d’essence et d’un restaurant.

La bourgade de Shetpe est un noeud ferroviaire et c’est donc à proximité immédiate de la gare que j’avise un “fast-food” local. Nous débarquons à 12 dans la salle de restaurant. Les deux dames qui exploitent sont un peu décontenancées au début. Puis il faut choisir à manger mais la carte est en russe uniquement. Palabres, explications, décisions globales et ce sera la même chose pour tout le monde. Une soupe de raviolis et un pâté à la viande. Séance photo obligatoire avec les deux cuisinières.

Nous trouvons, parmi les dizaines de stations de gaz, une station qui a de l’essence. Plein fait nous repartons à bon rythme pour 300 kilomètres de route toute droite. Mais nous sommes dans les plaines et le spectacle arrive souvent où on ne l’attend pas. A gauche et à droite ce sont des groupes de dromadaires, visiblement domestiqués car avec un licol ou un simple marquage, ou de chevaux, plus probablement sauvages ceux-là, qui se retrouvent à proximité des routes. Les traversées d’animaux ne sont pas fréquentes mais autant les chevaux sont nerveux et ne vont pas se mettre sous nos roues, autant les dromadaires sont nonchalants et comptent bien que ce soient les véhicules qui fassent un écart.