L’avantage d’un plan c’est qu’il peut être modifié. Dans notre cas il a dû être modifié pour des raisons diplomatiques et technocratiques,

Nous sommes bien allés à Yazd, à 7 motos et 10 personnes, mais sans le staff T3 resté à Shiraz. Nous étions quand même accompagnés de Mehdi, notre fixeur et porte-monnaie. Mehdi nous a dégotés des petits coins sympas où déjeuner au frais ou boire un thé en paix.

Peu après le départ de Shiraz, une pause s’ímpose pour admirer le tombeau du grand Cyrus dans sa ville de Pasargad. La vallée était verte et fertile et Cyrus y avait installé son palais. Son fils Darius fit construire  Persépolis à 80km de là.

Sur le chemin à Arbakuh nous avons pu admirer un cyprès de plus de 4000 ans. Il est dans un parc protégé et l’arbre est entouré d’un marais alimenté par un ruisseau, bien que l’arbre lui-même soit au sec dans son ilot central. La route vers Yazd traverse un désert, pas très long, mais déjà impressionant pour nous européens. Un peu de vent de travers pour pimenter la route…

 

Yazd est la seconde ville la plus ancienne du monde et est aussi la ville la plus sûre d’Iran. C’est une ville paisible et agréable. Mais nous sommes en mai et nous avons eu la seule journée de pluie depuis fort longtemps… je n’ose imaginer les températures et la poussière en plein été. L’architecture est originale et différente de ce que nous avons déjà vu en Iran. Pour refroidir les habitations, beaucoup sont équipées de « tour du vent ». Une tour au dessus de la maison, constituée de 4 à 8 canaux indépendants, capte le vent au dessus de la ligne des toits et le dirige vers le bas, vers l’habitation. En passant dans la cheminée l’air se rafraichit et génère une aspiration de l’air chaud sur les autres canaux. Très astucieux et efficace. Mais pourquoi ne fait-on pas ça dans nos immeubles modernes ? 

Yazd est aussi un centre zoroastrien très important. Cette religion très ancienne a été prédominante en Perse avant l’invasion arabe qui a établi l’Islam de gré ou de force. Les zoroastriens ont encore leur Temple du Feu à Yazd. Le feu y est entretenu de façon continue depuis plus de 1500 ans. La religion zoroastrienne est très intéressante et a été formalisée par Zarathoustra, mais elle survit maintenant plus en Inde qu’en Iran puisque c’est en Inde que les populations zoroastriennes ont dû s’exiler du temps des invasions arabes.

 

Une autre tradition zoroastrienne a survécu jusqu’à une période récente puisque c’est le Shah qui a interdit le rite des morts sur les Tours du Silence. Maintenant les corps sont enterrés dans la plaine au pied de ces Tours du Silence qui se dressent sur des monticules rocheux. Les défunts y étaient emmenés en procession jusqu’au pied des tours où les familles vivaient pendant trois jours. Le corps emporté par deux personnes sur la tour était d’abord veillé puis emporté au sommet de la tour. Sur une plateforme les corps étaient laissés aux vautours qui ne laissaient que les os. Ceux-ci étaient jetés dans une fosse à même la plate-forme et brulés à la chaux. Cette tradition a donc perduré jusque dans les années 1970.

 

Nous avons visité encore des mosquées bien sûr, fréquentées aussi par des touristes iraniens. Quelques jeunes filles bien souriantes, originaires de Bandar Abbas, sur le golfe persique, ne se sont pas fait prier pour être prises en photo, et avec le sourire. Nous avons aussi visité des commerces d’épices et de broyage et préparation du henné qui est vendu partout en Orient. La ville a aussi quelques glacières où la neige et la glace collectés pendant la saison froide permettait ka bonne conservation des aliments jusque dans la saison chaude.

La route qui devait nous mener de Yazd à Ispahan nous a été fortement déconseillée par la police pour des raisons de sécurité. Compte tenu du climat ambiant, nous avoms obtempéré et retraversé le désert vers Surmaq, puis Ispahan.

 

À Ispahan nous avons fait connaissance avec les quatre nouveaux compagnons de route pour l’étape du Pamir. Les étapes Ispahan-Yazd et Yazd-Qazvin ont été absolument splendides avec quelques pistes parfaites pour nos grosses moto. De Qazvin nous avons rejoint Astara sur les bords de la Caspienne, La frontière vers l’Azerbaidjan était à notre portée et nous nous sommes pointés le 12 mai au matin aux douanes iraniennes.

 

Jusque là tout va bien. Nous faisons les formalités et on nous mène au milieu des camions et sur des terres-plain boueux vers un autre poste de douane. L’attente commence et la pluie arrive. Mais nous sommes des aventuriers… Vers midi, le problème est identifié: il nous manque le code dérogatoire qui doit compléter les visas qui ont été déjà si durs à obetnir. Alors retour vers le poste d’entrée et à nouveau attente pendant que des tractations à haut niveau se font. Eric va jusqu’aux douanes azéries pour expliquer mais reçoit un « non » de la police. Nous envisageons de retourner à l’hôtel à Astara pour attendre le code le lendemain. Mais la police iranienne nous demande fermement de ne pas rester à Astara mais d’aller passer la nuit à Ardabil; pour notre sécurité… Nous comprenons que le passage par Astara est grillé. La suggestion azérie de passer par le Karabagh est ridicule, puisqu’il faudrait ensuite traverser l’Arménie pour rejoindre Bakou. Passer par la Géorgie demande de repasser d’abord en Turquie et sans aucune garantie que le passage Géorgie – Azerbaidjan sera possible.

 

Alors en avant vers Ardebil où nous logeons à l’arrache dans un centre de vacances estival, et le lendemain nous tentons une autre solution en fonçant vers la frontière avec l’Azerbaidjan à Bilesuvar. Arrivés à midi, l’attente commence. Nous entrons dans la zone douanière. Les discussions vont bon train encore, mais Eric a déjà activé le Plan B v 2.0.
Deux camions avec semi-remorque sont déjà arrivés. Nous avons fait nos sacs pour être prêts à prendre l’avion. Les motos et les deux véhicules d’assistance avec les remorques seront chargés dans les deux camions entre 20h et 1h du matin par l’équipe T3 pendant que nous prenons un bus qui va nous mener à Tabriz. Le bus pour Tabriz c’est un poème. D’abord il doit aller au poste de police pour valider la course et les passagers qu’il emporte. Mais nous sommes vendredi et en Iran c’est le jour férié, et il est déjà 20h…. Donc le bus doit faire un détour par Parsabad pour rendre visite à la police, ce qui bien sûr rallonge le circuit de 100 km environ. Bref, entre la pause police, les pauses prière, la pause changement de chauffeur, la pause je dépose l’autre chauffeur chez lui, la pause pipi, la pause je cherche mon chemin donc je demande, nous arrivons à l’hôtel vers 4h du matin. 

Aujourd’hui ce fut détente et rattrrapage de sommeil et de plein de choses dont cet article, mais pour les photos il faudra attendre emcore un peu car il est 21:30 ici et le bus nous emmène à l’aéroport à 3h du matin. Nous prenons un vol direction Bakou, via Istanbul. Donc encore une journée de voyage sans moto demain.

Le chemin est long et parfois difficile, mais une chose est sûre, il y a encore  plein d’opportunités pour que le plan change….