La moto est toujours à sa place au matin, avec tout le matériel dans les sacoches. Ça fait du bien de se dire qu’on peut faire confiance!
Départ à nouveau en configuration trois véhicules comme hier: Philippe et Marie sur la Tiger, François sur le side RNineT UrbanGS, mais sans Elodie qui est aujourd’hui passagère de Pierre, en Africa Twin, et ma pomme. François ouvre et sitôt sorti de la ville, à l’heure où profs et étudiants se ruent vers l’université — nombreuses en Turquie, ils mettent le paquet sur l’éducation — nous partons sur la droite direction la montagne par une route que notre carte Michelin ne connaît pas.
Après, ce sont plus de 100 kils de pur bonheur sur route de montagne. Ça tourne et ça virevolte, ça monte à plus de 1800 et redescend vers 800, ça gravillonne de partout, c’est beau à se faire des fractures de la rétine… Rhahhhh! Lovely !!! François, sans son singe sur le side, se la joue cirque quand même et fait le clown, le trapéziste et l’équilibriste tout en même temps. Le panier lève à chaque virage à droite, souvent au dessus du bas côté pour bien prendre la corde. Festival de joie et de bonne humeur pour petits et grands. Je surnomme cette matinée le Grand Cirque Anatolien !
Cette route n’a pas été choisie au hasard et elle nous mène vers le site de Nemrut Dagi, son tumulus et tombeau et les splendides statues qui ornaient ce site vieux de plus de 2000 ans. Les têtes sont tombées mais la majesté du site vaut le coup d’œil. Mais il se mérite!!! Motos garées au restau/point d’accueil à 2000m environ (joli point de vue) on prend une navette qui nous amène à 2200m au pied des escaliers. Quelques centaines de marches et quelques centaines de mètres de chemin de caillasse (ça on le saura plus tard) nous séparent encore du tumulus et des plate-formes.
Mais bien sûr tout ceci n’est pas accessible à François dans son fauteuil. Qu’a cela ne tienne! Nous décidons de monter François en le portant d’abord (trop compliqué) puis en le poussant (2 derrière le fauteuil) et tirant (un devant le fauteuil tire la roulette) à travers les marches. Ça avance doucement et c’est épuisant. Nos organismes de jeunes gens dans la fleur de l’âge ne résistent pas très longtemps. Quand un copain qui redescend nous parle du chemin de caillasse totalement impraticable en fauteuil, nous déclarons forfait et François reste avec Éric pendant que nous poussons jusqu’au sommet.
Le site est absolument remarquable, mais encore plus spectaculaire au lever et au coucher du soleil parait-il. On veut bien le croire mais on ne va pas attendre car nous devons encore redescendre François; notre suggestion qu’il lâche les freins, ferme les yeux et fasse les exercices de serrage de fesse spécial paraplégique n’a pas reçu l’approbation de François mais une franche rigolade. Descente en arrière sur le même modèle que la montée.
Après l’effort, le réconfort et un plat rapide mais pimenté et salé à la cafétéria locale. Et puis encore une route pour redescendre vers la plaine irriguée par les barrages sur l’Euphrate. Avant de retrouver la voie rapide, la trace nous fait traverser un village par des rues non goudronnés et bien caillassées sous le regard étonné des femmes qui œuvrent et des enfants qui s’étonnent et s’amusent.
Les grandes voies rapides qui suivent sont moins pénibles qu’il y a quelques jours. Est-ce qu’on s’habitue ? Est-ce le paysage qui est plus agréable ? Je ne saurai dire, mais je ne me suis pas ennuyé. Des deux côtés de la route il y a des champs irrigués qui alternent avec des champs de cailloux où seuls les moutons peuvent pâturer… On croise des vaches sur la 2×2 voies, sur le terre-plein central, entre les glissières. Mais comment sont-elles arrivées là ? Et comme nous faisons route à l’Est et que la nuit vient tôt dans cette partie orientale de la Turquie, je savoure le coucher de soleil dans les rétroviseurs. Sublime !!! Les pieds en travers des cylindres, style biker en Harley, je suis le roi du monde.
Arrivés à la nuit à Batman, nous faisons le plein des motos et attirons regards et conversations, mais aussi du thé qui nous est offert très souvent ! Et puis il est temps de rentrer les motos au garage de l’hôtel, au chausse pieds: le garage était si petit qu’ils on abattu une cloison de placoplatre pour élargir le passage vers les pièces suivantes et faire rentrer les 34 motos et les deux sides. Amusants ces kurdes! Car nous sommes dans la partie politiquement agitée de la Turquie. D’ailleurs les contrôles de police sur la route se font dans des bunkers protégés par des véhicules blindés et des postes de tir derrière des plaques de blindage. Demain nous allons vers Van et cela devrait être encore plus “protégé”.
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