Entre Esfahan et Yasouj, sans doute la plus belle journée de tout le périple.
Ce matin je pars seul de l’hôtel Abassi et dans les derniers, et ça tombe bien parce qu’aujourd’hui il y a de la piste. Très con n’est ce pas ? Eh bien non, j’avais envie et besoin de rouler seul, je voulais me sentir seul sur la piste, avec l’assurance quand même que le camion ferme la marche et me ramassera en cas de pépin.
Je zappe les premières stations service et je double donc les oublieux qui n’ont pas fait le plein la veille. Aujourd’hui c’est vendredi et il y a donc très peu de circulation dans Esfahan, et c’est très bien! Nationales rapides pour commencer et je contourne un énorme complexe métallurgique avec moult fours et usines. Des camions quand même sur les routes qui trimballent tôles roulées, barres, plaques et lingots. Autour les montagnes semblent être de gigantesques mâchoires aux dents acérées. Un faux air de Mordor… et je passe mon chemin en frodonnant.
Un peu plus loin je prends par erreur une sortie de voie rapide et me retrouve à naviguer dans les cités ouvrières locales. Mais au détour du chemin je tombe sur un splendide caravansérail. Je m’arrête pour une pause clic-clac. Un gars en 125 stoppe 15 m plus loin et me regarde. Je m’approche de lui d’un pas décidé et nous entamons l’habituelle conversation, lui en persan et moi en anglais. Il m’offre de visiter le caravansérail mais je décline: il y a de la route, plus de 400km dont un bon bout de piste.
Je repars et retrouve ma voie rapide. Dans un droite bien long, une route part à gauche et il faut la prendre. Une demi heure plus tard, arrivé dans un village à la chaussée bien dégradée je croise le groupe des montpelliérains sur leurs Africa Twin. Ils sont partis avant moi mais visiblement ils ont renoncé à la piste. Deux sont en duo mais quand même, et je n’en mène pas large. Un peu plus loin la piste commence et j’attaque une belle montée bien callaissée. Ça passe et je reprends confiance. Suivront quelque 30 kilomètres magnifiques. La piste est un peu technique mais pas trop. De belles ornières à négocier, des passages un peu sableux et en dévers mais rien de méchant.
Pauses Cébo au milieu de nulle part, et on recommence! Montées, descentes, virages serrés… j’en veux encore !!! Je me prends à imaginer ce que ça pourrait donner avec une moto plus légère, 60kg de moins ça ferait une belle différence 🙂
Village suivant, fin de la piste. Encore 30 kils de route très agréable et j’entre dans la petite ville qui fait la jonction avec la nationale. Je trouve un restau, parvient à commander à manger et boire (avec les mains, mon persan est inexistant). Un groupe de motars de T3 me rejoint, puis un autre… il est temps de repartir.
L’après-midi je n’aurai que de la route mais quelle route!! Alternance de splendides lignes droites qui me font penser à l’Ouest américain, de grandes courbes au revêtement tellement usé et gras qu’une vitesse raisonnable s’impose, une petite route tournoyante au fond d’un canyon agrémenté de troupeaux de chèvres, et un passage de col à 3200m. Je ne peux pas compter le nombre de coups de klaxon, d’appels de phare, de dépassements à me frôler pour taper la discute par la fenêtre à plus de 90 km/h ou même m’offrir du pain. Oui, le gars me tendait du pain à 10cm de la moto sur une route dégradée et à bonne vitesse 😧 J’ai décliné, en le remerciant la main sur le cœur. Lorsque je m’arrête pour prendre des photos, les voitures s’arrêtent, baragouinent trois mots d’anglais et surtout me remercient d’être là ! Incroyable !!
Comme nous sommes Vendredi les familles sont de sortie pour le pique-nique hebdomadaire. Si bien qu’en fin d’après-midi les voitures qui rentrent en ville sont garnies d’enfants qui passent la tête et le torse à la fenêtre. Signes de main et grands sourires, c’est un accueil tellement sympa et chaleureux…
Arrivé à Yasouj vers 17:00 je cherche et trouve le camping, enfin l’endroit où nous devons camper. Mais manque de chance le gaz est coupé et ils ne peuvent pas nous nourrir ce soir. Donc camping annulé et tout le monde à l’hôtel. Dommage! Mais l’hôtel est bien.
Demain c’est la dernière grande étape et nous atteindrons notre but : Persepolis!!!
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