À Tirana au matin c’est encore un peu l’émoi après le tremblement de terre de la veille et les répliques de la nuit. Quelques dégâts visibles en face de l’hôtel mais rien de trop grave.

Avec Éric, le patron de T3, et Maeva, sa passagère photographe, Philippe et Marie, en duo sur une Tiger 800Xc, et moi- même en solo, nous sommes trois motos a vouloir faire la piste du jour. C’est une partie du TET albanais. On va peut-être pas rigoler.

Sortie de Tirana aussi épique que l’entrée la veille. Je repère deux motos en duo et vestes rouge et bleue qui nous talonnent. Je suis serre-file et je m’efforce de les empêcher de s’intercaler. Le groupe reste compact et les suiveurs passent par la droite. Grand bien leur fasse ! Je zieute les machines: VStrom avec marqué Police dessus. Oops!

Une fois sortis de la ville on grimpe dans la montagne avec un beau panorama sur la ville dessous. Tout autour des maisons, des demeures, des palais qui doivent appartenir à des apparatchiks ou des nouveaux riches. On enquille les petites routes et nous attaquons la piste dans un village derrière une école. C’est sensé être une partie du TET, mais une partie facile. En vert sur le roadbook donc. La piste est large au gabarit camion (un seul!) et les gros cailloux sont plus ou moins bien tassés. Ça monte, mes Mitas tractionnent. Première hésitation du chef, demi tour, on redescend 100m, on demande au camion qui monte, donc on était sur le bon chemin, on laisse passer le camion, nouveau demi tour (elle est lourde cette grosse vache de GS!) et on suit le camion qui finalement quitte la piste peu après. Un peu plus loin la piste monte bien et les grosses caillasses ne sont plus du tout tassées. Je suis le couple en Tiger mais ils versent dans la montée, enfin… il verse car elle n’y est pour rien, Je m’arrête derrière. On relève le tout. Eric redescend et prend les choses en main. Il est quasi impossible de redémarrer où nous sommes avec la pente et les cailloux. Eric redescend nos deux motos sur 30 mètres et les remonte sur l’élan. Refus d’obstacle vaut mieux que chute et blessure.

La suite a été plus facile, pour moi en tous cas. Beaucoup de cailloux, beaucoup de gras et de boue avec des flaques et de gouilles à foison. La piste est tracée par moments sur une ancienne route pavée dont le soubassement pointe ses pierres dressées. Ça cogne mais ça passe! Devant y’a un peu de chute sur gras et sur cailloux. Rien de grave et 50 kils plus tard, on décide d’aller mangé parce qu’il est déjà 13h. Restaurant albanais un dimanche, c’est la fête. Portions de roi et prix serré. Il reste 300kils à faire donc voie rapide à l’albanaise 


Raccourci à gauche disent les GPS, on enquille à bon rythme et soudain freinage d’urgence: la route s’arrête sans un signe et il n’y a plus de pont sur la rivière Reste à descendre dans la lit à sec de la rivière et nous passons.

Arrivés à la nuit bien tombée à Qeparo, je ne me sens pas de monter la tente. Je me trouve une chambre d’hôtel pas loin. Dîner copieux avec tout le groupe et gros dodo!

Le lendemain nous quittons l’Albanie mais je suis chaud pour refaire un bout de TET qui passe par là. Personne pour me suivre et je sens que Eric ne veut pas refaire le timing d’hier. Donc route bien sage avec le couple en Tiger d’hier. Passage au « Blue Eye », une résurgence de rivière assez impressionnante. Café et direction la frontière. Douanier sympa côté albanais qui demande des détails sur notre voyage. Il est un peu incrédule mais je lui dis que c’est l’aventure. Comme si j’avais toujours rêvé de dire ça à un douanier.

Je retrouve avec plaisir les routes grecques, avec leur revêtement farceur, qu’il soit glissant ou simplement absent, remplacé par un bout de montagne descendue, un trou laissé par un bout de montagne descendu ou je ne sais quoi. Il y a aussi les bouses de vache en patchwork ou les traînées d’urine de mouton, autant de signes de présence d’animaux qui mettent le sioux qui est en moi sur le sentier de la guerre. Et paf! le Grand Manitou nous exauce d’un magnifique troupeau de bovins allongés sur le tarmac et ruminant à l’aise. Pif, paf, évitement et ça passe. J’ai tout ça sur la GoPro sur ce qui aurait du être une vidéo mais qui est (encore!) de la photo en time lapse. Un jour je saurai m’en servir, un jour… 

Arrivés pas trop tard aux Météores, montage de tente et repos!!!  Grèce, neuvième pays visité.