Avec nos expériences des pistes tracées par l’Orga, hier soir il y a eu conciles à bulles et sur plusieurs tables. Chaque groupe y allait de son tracé favori pour pimenter un peu le roadbook de ce jour, parce que 270km dont 200 de voies rapides en 2×2 voies, ça ressemble à une balade autour de Paris. Le problème était que les différentes cartes et les GPS n’étaient pas d’accord: certaines routes/pistes sur la carte ne sont pas connues du GPS. Contrôle avec la vue satellite: la piste n’existe pas… Bref je me fais un tracé perso qui ajoute 100 bornes au trajet de base et me fait passer dans la pampa.

Départ de Konya seul vers 8:30 et je commence par un peu de voie rapide car il faut bien sortir de la ville. Les usines et les bâtiments en construction disparaissent enfin et au fond, au bout de la route toute droite, une chaîne de montagne. Tout à coup j’ai le sentiment d’être immobile sur cette route et que ce sont les montagnes qui viennent à moi. Sentiment de puissance, avec un peu de foi je déplace effectivement les montagnes. Je ne roule pas vite, parce que ce moment est magique. Je me fais doubler lentement par une voiture blanche, un homme au volant et un gamin, entre 13 et 15 ans, en passager, les RayBans sur le nez et qui me dévisage le temps que dure cette rencontre. Un peu plus loin je bifurque à droite et je retrouve la voiture blanche arrêtée au bord de la route. Je m’arrête 30m devant eux. Je vois alors que le bonhomme est en place passager et le gamin disparaît presque derrière le volant. Le moteur prend les tours, la boîte craque un peu, ça brinquebale, ça hoquète: cours de conduite à la turque sur route ouverte. On fera gaffe aux gravillons et aux voitures blanches 🙂

Les routes à travers la plaine sont toujours droites mains moins bien carrossées et avec beaucoup moins de circulation. Encore des moments magiques, quasi mystiques. Pause essence, je repars et au détour d’un virage, je décide de ne plus suivre le GPS et de partir vers une route sans grand attrait… au départ. Elle se transforme en route de montagne, navigant de village en village à flanc de coteaux. Quel bonheur ! Les champs sont secs et empierrés. Quel travail de les dégager pierre par pierre qui forment des tas ou des murets.

Dans un village je trouve un café, reconnaissable aux hommes assis devant, quasiment sur la route. J’enlève le casque et cherche du regard une table. Un homme se lève et m’offre sa chaise au milieu d’eux. Je prends place et nous discutons, sauf que je ne parle pas turc, et eux ni français ni anglais. Ils m’offrent un thé. Nous arrivons à échanger tant bien que mal. Je dégaine le téléphone et nous prenons quelques photos souvenirs. Entre temps le groupe a grossi, le docteur est arrivé, un jeune qui parle trois mots d’anglais… Je repars après qu’ils ont détaillé la moto, admiré le GPS et le cardan…

Je retrouve deux copains à moto dans un restau un peu plus loin. Ayant repris la route ensemble pendant une bonne demi heure, je les abandonne pour bifurquer sur des petites routes puis des pistes. Je suis seul et je reste donc prudent. Tout passe tranquille. Les cailloux succèdent au sable fin (mais peu épais) et quelques flaques surgissent dans ce paysage plutôt sec. Pour éviter la plus grosse et la dernière d’une série, je passe à gauche un peu dans l’herbe. Une caillasse bien planqué et la roue avant tape fort. Coup de guidon et d’instinct je coupe les gaz. La roue avant se retrouve alors dans un sol très meuble sur le bord de la gouille, s’enfonce et plouf le motard dans la flaque 🙂 Relevage, sortage, débourrage des pneus. Il n’en reste rien que des traces de boue sur les flancs des sacoches, les poignées, enfin… un peu partout, y compris la combi et les gants bien sûr.

Dernière petite piste et arrivée sur les paysages de la Cappadoce et les structures géologiques caractéristiques. Nous voulions faire un vol en montgolfière demain mais les chinois ont racheté les petites compagnies turques et trustent le marché pour leurs client. Tant pis! Nous avons un petit tracé sympa à faire dans la journée et une seconde nuit à Urgup demain soir. Tout va bien et l’hôtel Surban est splendide.